Un mail d’une étudiante

 

Je parle de temps en temps des cours que je donne à Assas (ici par exemple). Et la dernière fois, j’ai discuté (comme souvent d’ailleurs) avec trois étudiants à la fin du cours. On parlait du monde professionnel, des stages à faire pour avoir un bon CV, de la difficulté quand on doit par ailleurs financer ses études.

Alors, avant d’être enseignante à Assas, j’y ai été étudiante (il y a très, très, très longtemps…) et mes parents n’avaient pas les moyens de financer totalement mes études. Donc, je bossais en parallèle de mes cours comme vendeuse chez Kookaï et ce n’était pas simple de faire des stages (évidemment, ils étaient non rémunérés). Il fallait choisir entre gagner un peu d’argent ou construire son CV. Sans parler d’avoir en plus accès à un réseau et à un carnet d’adresses qui donne une porte d’entrée aux meilleurs stages.

Et donc ces étudiants me racontaient justement leurs mêmes difficultés, l’une d’entre elles m’expliquait qu’elle travaillait comme assistante pendant l’année dans un cabinet d’avocats (que je ne cite pas tout simplement parce-que cette décision ne m’appartient pas). Mais dommage que je ne puisse pas le faire parce-que (croyez moi sur parole) c’est un des meilleurs cabinets d’avocats en France (pour moi, LE meilleur cabinet) en matière de fusions/acquisitions. J’ai déjà eu quelques dossiers avec eux (je représentais le vendeur et eux l’acquéreur) et franchement, ils sont vraiment brillants et leur réputation n’est pas usurpée.

Donc, en discutant avec B. (je ne veux pas non plus dévoiler le prénom de mon étudiante) et qu’elle me fait part de ses doutes pour l’avenir, je lui dis qu’il faut justement leur demander à eux un stage !!! Elle me dit y avoir pensé mais se demande si cela va marcher…Elle me raconte qu’elle est prise de haut par des stagiaires qui lui font bien sentir justement qu’elle n’est « qu’assistante ». Mais cette jeune femme a de l’énergie et ne se laisse pas faire. J’insiste donc lourdement en lui disant qu’il faut absolument qu’elle le fasse, que ce sera une opportunité unique, que sur son CV ce nom là marquera tout recruteur potentiel.

Et je lui dis après cela de me tenir au courant si cela marche. J’avoue que je n’y pense plus trop pendant quelques semaines. Et aujourd’hui, je reçois un mail que je vous cite :

«  Après votre conseil je suis allée dans le bureau de l’associé pour demander un entretien pour un stage d’été. Cependant, il n’avait pas vraiment l’air intéressé car mon profil ne correspond pas exactement à ce qu’ils recherchent. 

En effet, c’est très très rare qu’une L3 obtienne un stage ici, sans connaissances. 

Mais, je n’ai pas abandonné et j’en ai parlé avec un avocat du cabinet, avec lequel j’avais travaillé. 

Apparemment, ce dernier est allé parler à l’associé en disant que je travaillais volontiers et efficacement et… j’ai ainsi obtenu mon stage pour cet été!!!!! ».

 Je suis sincèrement enchantée de lire cela et pour plusieurs raisons :

  • Cette étudiante a saisi l’opportunité de discuter avec un avocat de son parcours personnel (ce n’est pas forcément évident) ;
  • Elle a suivi le conseil donné en osant franchir la porte du patron (ça aussi, ce n’est pas forcément simple ! Dans ce cabinet, les associés traitent de dossiers colossaux, n’ont pas dix secondes à perdre, donc, il faut oser quand on est une jeune femme d’à peine 20 ans demander un truc que personne n’obtient en principe jamais !)
  • Elle n’a pas lâché l’affaire au premier non et en a parlé à un autre ! Jusqu’à obtenir ce qu’elle voulait !

J’ai trouvé cela tellement réjouissant que j’ai voulu le partager ! On ne parle que de l’apathie des jeunes de la génération des « millenials », de leur manque d’implication et je rencontre souvent des jeunes inquiets, qui se demandent comment faire au mieux et saisir les opportunités. Donc, je dis un énorme BRAVO à B.

Pour l’anecdote, je me plaignais ici il y a quelques jours de devoir corriger les consultations de mes étudiants alors qu’il faisait si beau. Et voilà, un petit mail et je me dis que cela vaut le coup en fait…

P.S : sur la photo, B. n’apparaît pas. Il s’agit d’une partie des étudiants que j’ai eus ce matin, c’était mon dernier cours de l’année scolaire et je leur ai proposé s’ils le souhaitent de raconter ici leur vision de mes cours. On verra bien si un d’eux franchit le pas !

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *