Histoire de mon canapé ou comment passer un bon début de week-end

 

Cette semaine, une de mes clientes a été assignée. Je reçois donc un mail d’un Confrère qui me transmet les éléments. Je l’appelle pour en discuter. Il se révèle très sympathique (ce qui est plutôt agréable, notre métier est déjà assez dur, si en plus, on peut éviter de se taper dessus entre Confrères, je préfère).

Après ce premier contact, il va consulter mon site (peut-être par curiosité, ou pour confirmer mon adresse professionnelle, je ne sais pas…) et laisse un commentaire : « euh, il y a un canapé dans vos locaux, pas sur que ce soit autorisé par notre règlement… »

Je réponds en blaguant (j’étais absolument convaincue qu’il plaisantait…cela ne m’a pas traversé l’esprit une seconde qu’il pouvait être sérieux là dessus !) et j’oublie l’histoire, surtout que certains ici le savent, mais mon canapé, je l’adore ! J’ai choisi la couleur et le tissu sur mesure, j’ai attendu 8 semaines pour le recevoir, cela a conditionné le reste de ma décoration, enfin, bref, ce canapé, c’est tout un truc !

Deux jours plus tard, nous échangeons de nouveau des mails par rapport à notre dossier commun et je lui écris : « au fait, merci d’avoir été voir mon site et d’avoir laissé un commentaire ! ah ah ah, vous êtes trop drôle avec votre histoire de canapé  » et là je réalise en lisant sa réponse qu’il est TRES sérieux et qu’il voulait vraiment attirer mon attention sur un manquement possible de ma part !

Je peux vous dire que je vis alors un horrible moment de solitude (c’est quand même très limite pour un avocat de ne pas maîtriser son propre règlement intérieur…et encore pire quand c’est un contradicteur qui attire votre attention sur le sujet, aussi sympathique soit-il) et je me dis que je dois creuser la question (en commençant déjà à me demander ce que je vais faire de mon superbe canapé !!!). Je repense aussi à TOUS les cabinets où j’ai bossé où j’ai toujours vu des canapés et ça m’énerve vraiment…

Et donc, ce matin, je profite du week-end et je me mets à chercher : Règlement Intérieur National, Règlement du Barreau de Paris, RIEN !! Je cherche même dans les décisions du Conseil de l’Ordre, RIEN !
Et finalement, je fais une recherche sur Google (au bout d’un moment, je ne voyais plus que ça) et je découvre avec stupeur cette fameuse règle de l’interdiction du canapé !!! Je trouve sur Twitter des Confrères qui se posent la question de la raison et un post dans un forum où un Ordre l’aurait autorisé exceptionnellement à une Consoeur parce qu’elle était enceinte de 6 mois mais en lui demandant de le retirer après son accouchement…

Je peux vous dire qu’à ce stade, j’envisage déjà le réaménagement de mon appartement pour faire entrer un canapé supplémentaire…
Bon, heureusement, je suis plutôt déterminée (et j’adore mon canapé !!!) donc je ne m’avoue pas vaincue et je continue à chercher…et là OUF, je découvre ça !

Donc, en résumé (je comprends que tout le monde ne lise pas forcément l’article en lien), il semblerait que cette règle ait bel et bien existé mais qu’elle a été supprimée depuis un moment (l’article de cet ancien Bâtonnier qui évoque sa suppression date déjà de 2009). Je pense même que cette règle a été supprimée avant ma prestation de serment !!!

Et faisant quand même confiance à un Bâtonnier quand il écrit que l’interdiction a été levée, je vais donc profiter encore un peu de mon canapé mais même si je suis un peu rassurée, je ne le suis pas non plus complètement…Donc, si des Confrères me lisent et en savent un peu plus sur le sujet, je prends toutes les infos officielles.

Pour les curieux qui se demandent pourquoi cette règle étrange : il semblerait qu’elle date d’une époque où on s’inquiétait « d’abus » éventuels d’avocats envers leurs clientes en situation de détresse…Mais là aussi, je veux bien une confirmation si quelqu’un en sait plus !

Conclusion : Il faut être prête à passer deux heures de son samedi matin à chercher une règle qui n’existe plus pour garder son beau canapé !

 

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DELFAU de BELFORT

Bonjour,
J’ai prêté serment en 1986 et effectivement on m’avait parlé de cette interdiction. Je vous confirme qu’il s’agissait d’éviter que les avocats ne troussent leurs clientes en situation de faiblesse, étant rappelé que la fin de l’incapacité civile des femmes date de 1938.

Réponse
Sandra Azria

Cher Confrère, merci beaucoup de votre commentaire et de votre précision utile. Ce qui est étonnant, c’est que cette règle aujourd’hui périmée perdure encore dans l’esprit de beaucoup de confrères qui s’interdisent encore l’achat d’un canapé !

J’espère que mon petit article et votre commentaire les encourageront à le faire dorénavant.

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